Jeux olympiques de Séoul - 1988

Date : du 17 septembre au 2 octobre
Pays : 159 (comités olympiques nationaux)
Athlètes : 8 391
Épreuves : 237

Pour la première fois depuis 1976, les trois grandes puissances olympiques étaient réunies. Tout comme à Montréal, ce sont les Soviétiques qui ont dominé au classement avec 132 médailles, dont 55 d'or, suivis de la R.D.A. avec 102 médailles (37 d'or) et des États-Unis avec 94 médailles (36 d'or). La Corée du Sud a obtenu 33 médailles, résultat de l'intense programme national de développement des athlètes, combiné aux fortes récompenses financières promises à tous les médaillés.

Ben Johnson lors de la finale du 100 mètres
En athlétisme, le scandale Ben Johnson a porté ombrage à plusieurs belles performances. Carl Lewis, l'éternel rival de Johnson, a remporté deux autres médailles d'or (100 mètres et saut en longueur), en plus de gagner une médaille d'argent au 200 mètres. Les coureurs kenyans ont dominé aux épreuves de fond avec sept médailles, dont quatre d'or. Du côté féminin, Florence Griffith-Joyner, des États-Unis, a dominé aux épreuves de sprint avec trois médailles d'or (100 mètres, 200 mètres, relais 400 mètres) et une médaille d'argent (relais 1 600 mètres), alors que sa compatriote Jackie Joyner-Kersee confirmait sa réputation d'athlète la plus complète du monde en gagnant l'or à l'heptathlon et au saut en longueur.

Florence Griffith-Joyner 
Vladimir Artemov
En gymnastique, l'école soviétique a prouvé sa supériorité. Chez les hommes, les Soviétiques ont raflé sept des huit médailles d'or en jeu. Vladimir Artemov en a amassé quatre et son coéquipier Dimitri Bilozertchev en a gagné trois. La gymnastique féminine a été le domaine d'Yelena Shushunova, de l'U.R.S.S., qui a obtenu quatre médailles, dont deux d'or.

Naim Suleymanoglu
Véritable force de la nature, l'haltérophile Naim Suleymanoglu, de la Turquie, a pulvérisé tous les records possibles à Séoul et a remporté la médaille d'or. Cet homme, qui pesait 60 kg, a soulevé 190 kg à l'épaulé-jeté, soit plus de trois fois son poids.

En natation, Matt Biondi, des États-Unis, que plusieurs présentaient comme le prochain Mark Spitz, a remporté sept médailles, dont cinq d'or. Le Hongrois Tamas Darnyi s'est avéré le nageur le plus complet avec un doublé au 200 mètres quatre nages et au 400 mètres quatre nages. Chez les femmes, Kristin Otto, de la R.D.A., a accompli des performances exceptionnelles et a amassé six médailles d'or en six épreuves. L'Américaine Janet Evans, âgé de 16 ans, en a surpris plusieurs en remportant l'or au 400 mètres style libre et au 800 mètres style libre. En plongeon, l'Américain Greg Louganis a mérité deux médailles d'or (tremplin et tour). Lors des épreuves préliminaires au tremplin, Louganis s'est heurté la tête contre le plongeoir et fait une légère entaille. Malgré cela, il est revenu en force pour décrocher l'or.
Janet Evans, des États-Unis
Matt Biondi, des États-Unis
Kristin Otto, de l'Allemagne de l'Est
Faits saillants canadiens

Athlètes : 328 (223 hommes, 105 femmes)
Porte-drapeau : Carolyn Waldo (nage synchronisée)

- L’épreuve du 100 mètres à Séoul était présentée comme l’ultime affrontement entre Ben Johnson et l’Américain Carl Lewis. Les deux sprinters dominaient sur la scène internationale depuis les cinq dernières années et la rivalité entre les deux athlètes allait atteindre son paroxysme en Corée du Sud.

Jusqu’en 1986, lorsqu’il a remporté la médaille d’or aux Jeux de l’Amitié, Ben Johnson avait toujours été dans l’ombre de Lewis. Ce dernier, un athlète plus complet que Johnson,  excellait autant sur 100 et 200 mètres qu’au saut en longueur. Le voeu le plus cher de Johnson était de vaincre Lewis et, lors de l’été 1986, son souhait a été exaucé.

Dès ce moment, l’avantage tourna en faveur de Johnson. Lors des championnats mondiaux d’athlétisme de Rome en 1987, Johnson avait remporté ses quatre derniers affrontements contre Lewis. En sol italien, Johnson triompha de nouveau ; cette fois, il pulvérisa le record mondial avec un temps de 9,83. Carl Lewis accepta difficilement la défaite. Il mentionna aux journalistes qu’il soupçonnait Johnson d’utiliser des drogues illicites. Lewis pointa un doigt accusateur vers Johnson, faisant remarquer que la musculature très développée et le jaune dans les yeux du sprinter canadien étaient deux signes d’un usage fréquent de stéroïdes anabolisants.

Aux Jeux olympiques de Séoul, la finale du 100 mètres n’a déçu personne. Ben Johnson se trouvait dans le couloir numéro six, alors que Carl Lewis était dans le trois. Le suspense fut de courte durée, puisque Johnson partit comme une fusée des blocs de départ. Il éclipsa son propre record mondial avec un temps de 9,79. À dix mètres de l’arrivée, Johnson souleva le bras droit en signe de victoire, ce qui le ralentit. Ce qui est incroyable, c’est qu’il aurait pu réussir un meilleur temps si la course avait été plus serrée.


Cette victoire allait faire de Johnson l’athlète le plus célèbre de sa génération. Peu après ce triomphe éclatant, Ben Johnson, comme tous les médaillés olympiques, subit un contrôle pour dopage. La procédure prévoyait que les échantillons d’urine devaient être répartis en deux flacons, A et B. Dans l’échantillon A de Johnson, les experts du C.I.O. découvrirent les traces d’un stéroïde anabolisant, le stanozolol. Aussitôt, la commission médicale du C.I.O. informa la délégation canadienne de ce test positif. Le deuxième flacon fut analysé en présence d’un officiel canadien et le résultat fut le même. Le 24 septembre, les dignitaires du C.I.O. confirmaient la rumeur qui circulait depuis quelques heures à Séoul. Ben Johnson était disqualifié du 100 mètres et le C.I.O. lui enleva sa médaille d’or et la remit à Carl Lewis, qui avait terminé second, derrière Johnson.

Lors de l’enquête de la commission Dubin sur le dopage sportif au Canada, l’entraîneur de Johnson, Charlie Francis, ainsi que son médecin, Jamie Astaphan, déclarèrent que leur protégé utilisait des stéroïdes anabolisants depuis le mois de novembre 1981. D’après Francis, lui-même un ancien sprinter olympique, l’usage de drogue était primordial pour celui qui voulait rivaliser avec l’élite mondiale. Un sprinter « propre » était nettement désavantagé, ce qui équivalait à partir dix mètres derrière les Carl Lewis de ce monde. Au cours de cette même commission, Johnson avoua s’être dopé. Il fut suspendu pour deux ans et la Fédération internationale d’athlétisme annula son record mondial de 1987.

David Steen (à droite)
- David Steen, qui était huitième après neuf épreuves, a couru un excellent 1 500 mètres et a devancé le champion olympique en titre Daley Thompson par 22 points pour mériter le bronze. Steen a su également profiter de la disqualification du favori Jürgen Hingsen lors du 100 mètres.

- Excellente performance de la formation canadienne en basketball. Au tour préliminaire, le Canada a donné de l'inquiétude aux États-Unis. À la mi-temps, il dominait par 42 à 40 et il s'en est fallu de très peu que les Canadiens causent la surprise du siècle au basketball. Le Canada s'est incliné par 90 à 106 devant le Brésil lors d'un match de classement pour la cinquième position.

- Le combat de Jamie Pagendam contre Tserendorrj Amarjarpal, de la Mongolie, a été l’un des plus controversés de l’histoire des Jeux olympiques. Pagendam a d’abord gagné ce combat, puis l’a perdu, puis il l’a regagné et ensuite l’a reperdu. Pagendam avait bel et bien remporté ce combat, puisque son adversaire a reçu trois comptes de huit, le maximum de comptes que peut recevoir un boxeur. L’arbitre Marius Guiramo Lougbo aurait dû accorder la décision au Canadien, mais il a laissé les boxeurs poursuivre l’affrontement. Dans un sursaut d’énergie, le Mongolien a passé le K.-O. à  Pagendam L’arbitre a arrêté le combat à 46 secondes du début du troisième round et accordé la victoire au Mongolien. L’injustice commise contre Pagendam a été corrigée le lendemain, lorsque la décision a été renversée. Malheureusement pour lui, l’Association internationale de boxe amateur a décrété que Pagendam n’était plus apte à se battre pour une période de 30 jours, à cause de sa santé, et il a été éliminé du tournoi olympique. Tout cela à cause de l’incompétence d’un arbitre. 

- Raymond Downey a amorcé son long cheminement vers une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Séoul avec une victoire par décision unanime (5-0) au premier tour sur l’Argentin Jorge Oscar Lopez. En seizièmes de finale, il a vaincu par décision partagée (3-2) l’Allemand de l’Ouest Norbert Nieroba. Il a remporté son affrontement de huitièmes de finale par décision unanime (5-0) contre le Pakistanais Abrar-Hussain Syed. En quarts de finale il a triomphé par décision unanime du Suédois Martin Kitel. Raymond Downey a été battu par décision unanime en demi-finale contre le futur médaillé d’or Si-Hun Park, de la Corée du Sud.

- Egerton Marcus a commencé le tournoi olympique avec une victoire par K.-O. dès le premier round sur Emmanuel Legaspi, des Philippines. En huitièmes de finale, il a vaincu par K.-O., à 32 secondes de la deuxième reprise, Darko Dukic, de la Yougoslavie. Il a ensuite eu raison par décision unanime de Sven Ottke, de la R.F.A., lors des quarts de finale. En demi-finale, Marcus a triomphé du Pakistanais Hussain Shah Syed par décision partagée (4 à 1). En finale, il a été opposé au favori Henry Maske, de l’Allemagne de l’Est. Malgré une blessure à la main droite, Marcus a été très agressif en début de combat, mais Maske a su s’ajuster et a utilisé sa très grande portée pour marquer plusieurs points et remporter une décision unanime.

Lennox Lewis
- Tout au long du tournoi olympique, Lennox Lewis a démontré ses grandes qualités de boxeur et de cogneur. Sa performance a été telle, qu’il n’a boxé que 10 minutes et 16 secondes pour remporter ses quatre combats. Au premier tour, il a vaincu le Kenyan Crispine Odera lorsque l’arbitre a mis fin au combat à 2:59 du deuxième round. En quarts de finale, il a triomphé en 36 secondes du champion en titre de la coupe du monde Ulli Kaden, de la R.D.A. Il a remporté son combat de demi-finale par forfait, lorsque les officiels ont déclaré le Polonais Janusz Zarenkiewicz inapte à se battre. En finale, il n’a fait qu’une bouchée de l’Américain Riddick Bowe, l’arbitre arrêtant le combat après 43 secondes de la deuxième reprise.

- Alwyn Morris, double médaillé aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, a effectué un retour à la compétition en 1988. Il avait annoncé sa retraite en 1986 parce qu’il souffrait de la maladie d’Epstein-Barr. Il a fait encore équipe avec Hugh Fisher dans l'épreuve du K-2 sur 500 mètres et ils se sont classés en onzième position.

- Philippe Chartrand a démontré beaucoup de courage lors de cette compétition. Il s’est blessé au genou lors de la réception d’un saut au cheval sautoir. Il a participé aux deux autres épreuves afin d’aider ses coéquipiers à gagner la neuvième place, une amélioration de cinq positions depuis les derniers championnats mondiaux.

Carolyn Waldo, double médaillée d'or
- Lors de la finale du programme libre en nage synchronisée, ce sont les Américaines (99,600 points) qui ont dominé les Canadiennes (98,800 points), mais Michelle Cameron et Carolyn Waldo bénéficiaient d’une avance plus que confortable. Il s’agissait de la troisième médaille olympique en carrière pour Carolyn Waldo et elle devenait la première Canadienne à remporter deux médailles d’or (solo et duo) lors des mêmes Jeux olympiques.

- Quatre mois avant les Jeux olympiques, Allison Higson avait établi un record mondial de 2:27,27 au 200 mètres brasse, lors des essais olympiques, brisant le record détenu par Silke Hörner de la R.D.A. En finale, la nageuse de 15 ans a suivi le rythme effréné de la course imposé par Hörner. Elle a manqué d’énergie dans le 50 derniers mètres pour terminer septième, et Silke Hörner a établi un nouveau record mondial de 2:26,71.

- Victor Davis a aidé le Canada à terminer au deuxième rang du 4 x 100 mètres quatre nages et il remportait une quatrième médaille olympique pour conclure en beauté sa carrière.

- Lors de la cinquième course de la compétition de Finn, Lawrence Lemieux, qui occupait la deuxième position au classement général, a remarqué qu’un compétiteur du Singapour, Joseph Chan,  dans la classe 470, était sur le point d’être emporté par les eaux du Pusan, alors que son embarcation avait chaviré. Il partit le secourir, ce qui lui enleva toute chance de gagner une médaille. Pour son geste héroïque, le président du C.I.O., Juan Antonio Samaranch, lui remit un prix.



Or
Argent
Bronze
Total
1.
U.R.S.S.
55
31
46
132
2.
Allemagne de l'Est
37
35
30
102
3.
États-Unis
36
31
27
94
4.
Allemagne de l'Ouest
11
14
15
40
5.
Bulgarie
10
12
13
35
6.
Corée du Sud
12
10
11
33
7.
Chine
5
11
12
28
8.
Roumanie
7
11
6
24
9.
Grande-Bretagne
5
10
9
24
10.
Hongrie
11
6
6
23
19.
Canada
3
2
5
10

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